Balkans, sur les routes des réfugiés – par Sara Prestianni

 

Article paru en italien sur la revue en ligne Left.it, le 8 octobre 2015, traduit de l’italien par Silvia Guzzi

photo@Sara Prestianni
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Le passage des réfugiés à travers la route des Balkans est géré de manière de plus en plus structurée et organisée. Les différents Gouvernements coordonnent des moyens de transport qui mènent les réfugiés d’une frontière à l’autre, avec des transits de quelques heures dans des centres d’identification. Au rythme des murs qui s’élèvent et des tensions qui se créent entre les États voisins, certaines frontières se ferment et d’autres s’ouvrent, les routes changent mais elles demeurent toutefois pilotées et contrôlées par les Gouvernements. Les migrants, ballotés d’une extrémité à l’autre du pays, finissent par devenir invisibles.

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Jusqu’à présent la route la plus battue, après que la construction du “mur d’Orban” à la frontière entre la Serbie et la Hongrie ait été annoncée, est celle qui traverse la Macédoine, la Serbie, la Croatie, la Hongrie, l’Autriche et l’Allemagne. Une fois arrivés en Allemagne, les réfugiés décident de rester ou de continuer vers le nord. Mais l’échiquier des frontières balkaniques est en perpétuel mouvement. Depuis quelques jours, le bruit court que la frontière croato-hongroise pourrait être fermée quand le deuxième mur d’Orban sera terminé. Deux scénarios seront alors possibles : soit on fera passer les réfugiés de Croatie en Slovénie et de là, en Autriche, en excluant donc tout passage par la Hongrie, soit la Serbie trouvera un accord avec la Roumanie qui ouvrira les frontières et deviendra ainsi le nouveau point de passage.

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La création de ces “convois” de réfugiés a comme conséquence directe de vider le parc Bristol de Belgrade. Aujourd’hui il n’en reste plus que quelques centaines à comparer aux milliers qui y transitaient auparavant. Et ce sont bien souvent les plus vulnérables. Malgré que leur nombre ait diminué, la situation dans le campement n’a pas changé : des tentes partout, sauf qu’ici les réfugiés ont accès à plusieurs services : des informations en tout genre, des habits, de la nourriture, des soins médicaux, des recharges de téléphone et des animations pour les enfants. Des centaines de volontaires apportent leur soutien aux côtés des nombreuses organisations internationales et nationales qui y sont présentes. Nombreux sont ceux qui viennent apporter des vêtements et de la nourriture.

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La vue de ces réfugiés – raconte une jeune volontaire – rouvre la blessure non encore cicatrisée de l’époque où c’étaient les Serbes eux-mêmes qui fuyaient la guerre. Une sorte d’identification empathique.
La solidarité arrive jusqu’à la frontière. Au poste de Babska, où l’on fait confluer la plupart des réfugiés qui entrent en Croatie, des dizaines d’organisations sont présentes dans un camp qui est géré par la Croix Rouge, MSF et le UNHCR ainsi que par plusieurs associations locales.

La vue de ces réfugiés – raconte une jeune volontaire – rouvre la blessure non encore cicatrisée de l’époque où c’étaient les Serbes eux-mêmes qui fuyaient la guerre. Une sorte d’identification empathique.

On y retrouve aussi des dizaines de volontaires venus d’autres villes de la Serbie. L’un d’entre eux – originaire d’un village à 130 km de Sid – nous raconte qu’il a récolté par le biais de la mosquée des vêtements et des chaussures pour les réfugiés. Non loin de la barrière de la frontière croate, nous retrouvons un groupe de citoyens de la République tchécoslovaque. Ils disent qu’ils sont là en signe de solidarité avec les réfugiés, ils n’appartiennent à aucune association. Ils distribuent du thé chaud et leur sourire, ainsi que quelques informations qu’ils ont écrites en plusieurs langues sur des cartons placés aux abords de la frontière. Ces panneaux expliquent aux réfugiés qu’une fois qu’ils auront franchi les 150 mètres qui séparent la Croatie de la Serbie, ils devront marcher sur 1 km avant d’être dirigés dans les “shelters”, les abris croates, puis identifiés et accompagnés à la frontière hongroise. De là, ils passeront “illégalement” à pied la frontière et ils poursuivront leur chemin vers l’Autriche.

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Dans les lieux de passage non officiels, comme à Subotica, où des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont transité, il ne reste pratiquement plus personne. Parmi les déchets du campement de Subotica, seules quelques personnes sont restées. Des Pakistanais. Ils sont passés par la Bulgarie. Les autres arrivent à travers le système officiel. Même les “shelters”, les centres d’identification pour ceux qui entrent et sortent du pays, sont de plus en plus structurés. Un est en construction à Subotica, au cas où l’on rouvrirait la frontière serbo-hongroise. Un panneau à l’entrée du chantier précise que le “Subotica camp” est financé par le Gouvernement allemand. Il existe pourtant une menace de plus en plus réelle et qui pourrait bouleverser ce système des convois de réfugiés vers le nord à travers la route balkanique : la signature d’un accord entre l’UE et la Turquie en vue d’une fermeture des frontières. Les rencontres entre le gouvernement d’Erdogan et la Commission européenne se sont multipliées. Selon les premières déclarations, il s’agirait d’un contrôle renforcé à la frontière gréco-turque en échange d’un financement massif des camps de réfugiés dans lesquels la Turquie accueille plus de 2 millions de Syriens et la possibilité d’autoriser un certain nombre d’accès légaux au territoire.

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Texte et photos de Sara Prestianni pour Arci.

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