Du chaos tu ramasses des habits usés,
tu murmures Il faudra beaucoup jeter –
beaucoup laver, beaucoup plier encore,
reléguer au brusque changement de saison.
Moi je suis restée figée un jour d’hiver,
je ne parle plus tu le sais, en ombre je me résigne
aux monologues de ceux qui adorent le silence
ne demandent plus qu’un doux consentement.
Du jour où je suis entrée dans un cri
la nuit a effacé les aubes de deux années,
une chrysalide de verre a pétrifié l’émoi
de l’extrême été où j’ai abandonné
dans l’attente d’hôpital l’attente de voler.
Même sans l’irriguer tu la vois la douleur
c’est une graine qu’il revient au néant d’assouvir.
[in Chiara De Luca, “Alfabeto dell’invisibile”, Samuele editore, 2015,p. 52 – traduit de l’italien par Silvia Guzzi]
Dal caos raccogli abiti smessi,
sussurrando Si dovrà buttare molto –
molto lavare, molto altro ripiegare,
riporre al repentino cambio di stagione.
Ma io sono rimasta indietro qualche inverno,
sai che ormai non parlo, in ombra mi rassegno
ai monologhi di quelli che adorano il silenzio
non chiedono altro che un sorridente assenso.
Dal giorno che sono entrata in un grido
la notte ha cancellato le albe di due anni,
in vitrea crisalide ha imploso il sentire
dell’estrema estate in cui ho abbandonato
nell’attesa d’ospedale l’attesa di volare.
Anche quando non lo irrighi vedi il dolore
è un seme che spetta al buio di saziare.
[in Chiara De Luca, “Alfabeto dell’invisibile”, Samuele editore, 2015,p. 52]
Née à Ferrare le 1er mars 1975, Chiara De Luca est licenciée es-lettres modernes et littérature étrangère de l’Université de Pise. Elle a aussi fréquenté l’École européenne de traduction littéraire de Magda Olivetti à Florence, et le master en traduction littéraire pour l’édition à l’Université de Bologne, où elle a obtenu un doctorat en littératures européennes avec une thèse sur l’œuvre de jeunesse de R.M. Rilke. Elle écrit des poèmes, des romans et des critiques littéraires, et traduit de l’anglais, du français, de l’allemand, de l’espagnol et du portugais.
En 2008, elle a fondé les Edizioni Kolibris, une maison d’édition indépendante qui se consacre à la traduction et à la diffusion de la poésie étrangère contemporaine. Elle dirige le blog A margine dei versi de critique de textes poétiques et le site international Iris di Kolibris, consacré à la traduction de poèmes, au bilinguisme et à la littérature de la migration, et qui accueille les contributions de nombreux poètes, traducteurs et éditeurs de différentes nationalités. Elle collabore également à la rubrique « Officina Poesia » de Nuovi Argomenti et au mensuel Poesia. Pour le site du festival Parco Poesia, que dirige Isabella Leardini, elle est responsable d’une rubrique entièrement consacrée à la jeune poésie internationale et, pour la revue péruvienne Vallejo & Co., d’une rubrique sur la poésie italienne contemporaine. En collaboration avec le poète canadien Gray Sutherland, elle dirige la rubrique « Gray Ink » d’Iris di Kolibris, consacrée à la traduction en anglais de poètes italiens contemporains.
La revue en ligne de poésie internationale de Chiara De Luca : Iris News
Caroline François-Rubino vit et travaille dans les Pyrénées Atlantiques.
Née en 1960, elle a effectué des études d’arts plastiques et d’histoire de l’art aux Universités de Provence, Lyon II et Paris I de 1977 à 1983. Titulaire d’un diplôme de troisième cycle et d’un CAPES d’arts plastiques, elle a enseigné de 1983 à 2000. Depuis sa première exposition personnelle à Bordeaux en 1989, elle a exposé régulièrement dans le Sud-Ouest. Elle travaille également en collaboration avec plusieurs poètes.
Tout en s’inscrivant dans la tradition picturale, l’œuvre de Caroline François-Rubino propose une démarche de création tout à fait contemporaine qui interroge notre perception visuelle de l’espace.
Sa passion pour le paysage et son désir de rendre manifeste le passage du temps l’amènent à diversifier le format de ses toiles qu’elle présente souvent en diptyques ou en triptyques.
Son langage pictural est empreint de lumières changeantes, de teintes et de matières, mais aussi de vides, de silences et de passages inachevés parfois encore en devenir.
Ses paysages où se multiplient les plans et les points de vue font circuler notre regard à travers de nouvelles géographies vers des horizons inattendus.
Le dessin, compagnon de toujours, et la pratique régulière de l’aquarelle l’accompagnent dans ce cheminement vers une peinture qui montre ce qu’elle est depuis la toile vierge jusqu’à des effets de transparence qui évoquent le rêve d’un rêve.
Caroline François-Rubino dit « peindre ce qu’elle ne pourrait photographier » : un nouvel espace aux multiples sentiers se révèle alors, invitant à découvrir des itinéraires imprévisibles et à percevoir le temps qui passe.
Le site internet Caroline François-Rubino